Robe rouge rubis soutenu
Nez délicat sur le fruit à chair rouge – 2eme nez légèrement poivré
Bouche : Attaque de bouche avec une bonne sucrosité – Tanins présents qui donne une bonne charpente au vin – sur le fruit rouge – bien équilibré
Conseils : a aérer 30 min avant de le boire.
Cuvée parrainée par Philippe Corcuff et Philippe Lefevre
Carrément rouge « Moscou »
Rouge sang, comme les palpitations de la vie
La vie qui bruisse, titillant les palais, caressant les gorges opprimées
Rouge coquelicots, comme les fleurs intemporelles de nos désirs d’espérance
Ni mensonge, ni réalité carrée : carrément ici tout en étant déjà ailleurs
Ailleurs et ici : pas le Moscou des mythologies meurtrières, mais le Moscou mélancolique des rêves abîmés
Pour ne pas oublier qu’au nom du communisme, on a tué l’humanité
Afin de relancer les explorations émancipatrices, en prenant acte de nos errements comme de nos fragilités
Le refus libertaire des langues de bois aux palais asséchés
Plutôt les titubements hérétiques d’individus solidaires un verre de rouge à la main, trinquant à l’avenir nécessairement inabouti de la Révolution
Par-delà les frontières des vallées, des monts et des vignobles : l’Internationale sera le vin humain
Philippe Corcuff, juin 2013
Mon frangin
D'abord y'a « la Tour »
C'est là qu'on grandit
Au 9éme
Descente sur la rampe, gamelle assurée, et puis y'a les locos, la vapeur, pas très longtemps, suffisamment pour se souvenir de la fumée crachée et puis celle sur la grosse machinerie qui tourne et repart dans l'autre sens, trop drôle. Bon, mais là c'est petit, étriqué, la cité quoi, et le Monde s'y retrouve, pas toujours heureux.
Et puis y'a chez la grand-mère. Là, y'a l'voisin, le « poilu », avec son éclat d'obus dans la tête, souvenir de gosse, la guerre c'est pas cool. Et la porte s'ouvre et là c'est carrément l'espace, t'as jamais connu autant la liberté ; des murs gris bétonnés à l'infiniment blond des herbes gigantesques. La faune, la flore l'envahissent, carrément l'essence de l’Être. Le grand tout en un petit « Moscou » sûrement pas aussi vaste que là-bas ;drôle de nom sentant le loin. Comme la neige jusqu'aux genoux, glaçant notre sang mais pas son courage. S'agit de braver le carrément froid pour se retrouver devant le poêle sous la couette rouge en plume.
Et dès les beaux jours de l'arc et de la flèche, nous étions sur le sentier d'une hypothétique chasse, les bêtes de toutes sortes n'en faisaient pas le trésor, ce n'était pas le but, il fallait asseoir le territoire, il voulait en faire son île déserte et le vieux pommier sa vigie. Il connaissait le moindre fruitier, de l'arbuste à la gaule, notre ventre vivait carrément de tout son saoul.
Doucement les saisons font leur œuvre. Elles le pénètrent par tous les sens, elles le forgent à petit coup de soleil, de fruits chapardés et de lézards qui sauvent leurs peaux, la margelle avec sa grande roue pour l'eau qui rafraîchie -carrément dure à manœuvrer-, on n'est pas grand, mais il est fort. Trop drôle de tourner vite et l'eau qui gicle, merveilleux. Et puis y'a le pressoir, prémonitoire. Louis faisait son vin, la vigne le long du mur attirait ces foutues bêtes qui nous piquaient. Pressoir laissé aux araignées, à la poussière, désœuvrement. Il en a rempli des bouteilles, de la piquette y paraît. Des tonneaux dans la cave aux amandes du grenier, jamais un instant de répit, trop à faire, trop à découvrir, carrément magique, jusqu'à l'épuisement et puis les crêpes à la pomme de terre et puis dodo.
Et puis un jour,carrément fini. Cet havre de bonheur s'est refermé laissant la place aux souvenirs des rires et des larmes de l'enfance. Cœur gros, ce temps nous fait les yeux carrément rouge, ce temps nous est devenu poésie.
Philippe LEFEVRE